A propos de Christian
Christian est un thérapeute autodidacte issu de la cure.
Après avoir fait une école de commerce tout en jouant au rugby de haut niveau, Christian a distribué du bronze industriel basque espagnol en Europe, managé des équipes opérationnelles dans la distribution spécialisée ainsi que dans la grande distribution, et il a formé des vendeurs aux techniques de vente et des dirigeants au management et au leadership.
Suite au décès de son fils aîné, son frère le met d'abord en relation avec son astrologue karmique, Muriel Cariou, puis avec son psychanalyste, le Dr René Gandolfi, à Paris, avec qui il va suivre une analyse à la fois existentielle et spirituelle.
Plus tard, il va découvrir son don de magnétiseur et se formera aux techniques et aux thérapies manuelles chinoises avec Michel Aleki, à Paris.
La voie qu'il propose n'est pas un enseignement comme on a l'habitude d'en recevoir, il n'y a pas de dogme, pas de théorie, c'est un ensemble de pratiques qui s'approfondissent constamment dans un rapport créatif à la vie.
En ce sens, celui qui cherche une philosophie dans cette voie y trouvera une philosophie, celui qui cherche une thérapie y trouvera une thérapie, celui qui cherche un chemin d'éveil le verra se dessiner au fur et à mesure de ses pratiques, et celui qui est mystique y trouvera une mystique.
La première caractéristique de cette voie, c'est qu'il s'agit d'une voie du corps. Quand on parle de "voie du corps", on entend généralement une pratique corporelle qui vise à maîtriser le corps pour obtenir un état particulier. Ici, il n'est pas question d'un rapport de domination mais d'une relation d'amour à travers l'éveil de la sensation.
La seconde caractéristique, c'est qu'il s'agit d'une voie féminine. Elle s'adresse bien sûr autant aux hommes qu'aux femmes, mais elle va faire appel à nos capacités féminines de réceptivité, de sensibilité, de dilatation. Elle est également féminine par ses modalités : cette voie ne repose pas des dynamiques telles que "effort-mérite" ou "châtiment-récompense", mais sur l'amour profond de la vie et l'élan naturel de vouloir la protéger, sur nos qualités de cœur, sur nos capacités relationnelles.
La troisième caractéristique concerne l'aspect spirituel du travail intérieur qui est proposé dans cette voie et qui est souvent mal interprété. Le but est de revenir à la simplicité de l'enfant tout en cultivant les vertus de la sagesse. Son objectif est de ne pas s'encombrer du passé et d'éviter de se projeter dans un futur sans substance, pour vivre une présence immédiate au temps et à la réalité. Il s'agit de se libérer des entraves de la pensée pour se fondre dans un monde des perceptions sans ego.
On pourrait également souligner que cette voie s'ancre dans une quatrième caractéristique, c'est l'accent mis sur le rôle fondamental de l'expérience. Posséder un savoir sur la chose ne vous donne aucune expérience de la chose. Il s'agit d'être pleinement ce que nous sommes sans jugement, sans attente ni compromis. Dans ce retour à l'unité primordiale, c'est aller vers un esprit silencieux, un corps détendu et des émotions bénéfiques. C'est recevoir le monde dans sa totalité énergétique, en harmonie avec ce qui nous entoure, et vivre libre.
Cette voie est un cheminement, une progression permanente, un apprentissage de tous les instants. Peu importe d'où nous venons et où nous allons, seuls comptent le voyage et l'évolution qu'il nous apporte.
C'est voie, c'est comprendre ce que nous sommes et qui nous sommes vraiment, c'est inscrire cette connaissance dans la dynamique du monde, c'est l'entretenir et l'exploiter pour vivre heureux et en faire profiter les autres, c'est saisir les lois universelles et en accepter les règles, c'est respecter son incarnation ici et maintenant et tenter d'accueillir chaque instant, chaque part de son existence, de soi-même, de la nature ou des forces qui nous dépassent (l'univers, Dieu, les dieux...).
Christian est un esprit libre : il n'appartient à aucune école de psychothérapie ou association de thérapeutes, ni à aucune religion ou mouvement religieux.
Voyez-vous, l'homme occidental est allé tellement loin dans le monde de la pensée qu'il en a oublié son corps. C'est comme s'il avait laissé derrière lui son organisme physique, avec sa sensibilité et tous les modes de perception qu'il contient. Mais ce corps constitue justement une aide précieuse pour cristalliser ce que vous vivez, pour incarner vos expériences, afin que votre vie ne soit pas une accumulation de théories ou d'opinions par lesquelles vous savez beaucoup de choses mais avec lesquelles vous pouvez peu intérieurement.
Acquérir le pouvoir d'agir sur soi-même, ce n'est pas un péché, c'est une qualité. Mais vous devez commencer par connaître quelles sont vos possibilités, votre disponibilité, savoir jusqu'où vous pouvez aller et comment y aller, car vous ne pouvez pas prétendre aller au-delà de ce que vous pouvez.
La première étape pour acquérir le pouvoir d'agir sur soi-même, c'est de revenir au corps, voilà le grand secret ! Revenir à l'expérience du corps dans la vie sensitive. Revenir à tout ce que l'on "récolte" sensitivement, émotionnellement, et qui permet, non pas de nourrir le mental, mais un autre corps d'entendement. C'est à partir de là que peut surgir un autre type de regard. Mais pour cela, il faut nourrir sa vie, la créer, sortir de la répétition et du connu. Ce connu est une base extraordinaire, mais c'est aussi un piège énorme parce qu'il n'offre pas l'opportunité du changement.
Prenons l'exemple de notre rencontre. Vous êtes une situation humaine que je ne connais pas. En ce sens, j'ignore tout ce que vous pouvez déclencher en moi. Vous êtes un événement et je suis à l'accueil de cet événement. Vous voyez, la situation crée. Et cette situation est le résultat de vous et de moi, de notre relation. Maintenant, est-ce qu'il y a plus de vous ou plus de moi dans cette situation, cela ne m'intéresse pas, c'est la perméabilité entre vous et moi qui m'intéresse.
Si je suis disponible à cette relation, non pas dirigé vers un but mais ouvert, vous allez provoquer l'émergence d'éléments nouveaux en moi que je vais découvrir ou redécouvrir sous un autre aspect. Vous voyez l'importance de l'autre pour soi-même ? Donc, je reste attentif à cet état d'étonnement et de renouveau dans lequel je veux être. Je me tiens en état d'ouverture. Si je ne suis pas en état d'ouverture, je vais être dans la répétition ; mon imprimeur mental va imprimer ses vieux prospectus, c'est-à-dire ses pensées toutes faites, ses jugements à l'emporte-pièce. Je ne veux rien projeter sur vous parce que si je le fais, je vais vous habiller de mes vêtements. Au contraire, je veux être disponible à cette fraîcheur, à cet inconnu que vous m'apportez. C'est dans cette partie de la vie, dans ce vivant, que je veux vivre.
Vous êtes une personne mais vous pourriez être un papillon. Ou une rose. Je peux me situer en face de vous comme je me situe en face d'une rose, il n'y a pas de différence. Parce que dans la rose, il y a l'être de la rose qui déclenche aussi en moi, si je le reçois, si je suis ouvert, des sensations, des émotions, des sentiments, des réflexions. La rose va donner tout ce qu'elle possède, tout ce qu'elle a. Elle ne s'épuise pas et quand je pars, s'il en vient un autre, la rose continue de donner. Elle n'arrête pas de donner ! Mais comme nous sommes en état de fermeture, comme nous avons un égoïsme à l'intérieur de nous-même, nous ne recevons plus, nous voulons imposer, nous voulons impressionner, influencer.
Voyez, au lieu de vous chercher, je fais tout mon possible pour être trouvé par vous. C'est l'accueil, vous comprenez ? C'est l'accueil qu'il faut déclencher, sinon je suis dans la pénétration. Et qu'est-ce que c'est, la pénétration ? C'est cette partie masculine en nous qui sait, qui juge, qui campe sur ses positions, qui aime le conflit et les joutes verbales pour avoir raison sur l'autre. Il faut renverser notre attitude. Comme dit Frère Jean : "Dieu souffre parce qu'il y a peu de Marie dans le monde." Qu'est-ce que cela signifie ? Marie, c'est l'enfantement, c'est-à-dire que Dieu a peu d'enfantements, peu de sources pour être enfanté. On ne veut pas se faire enfanter, on ne veut pas se rendre disponible pour cela. On veut projeter ! Les grands maîtres ont appelé cela : concupiscence, avidité, pouvoir. Nous sommes saturés de pouvoir, saturés d'avidité. Nous avons une espèce de frénésie à vouloir posséder, imposer, prouver, vous prouver que je suis quelqu'un : "Tiens, voilà mon expérience ! Regarde, voilà ma vie !"
Mais tout ça, c'est la préhistoire ! Ma vie commence à chaque instant. Le passé, c'est comme des armoires emplies d'archives. Mais tout cela, ce n'est que de l'anecdote. Bien sûr, je ne peux pas nier mon histoire mais je ne suis pas cette histoire ; j'en suis la terminale, le dernier chaînon, aujourd'hui, en cet instant, ici et maintenant. J'ai toujours voulu que ma vie soit très transparente ! Depuis l'enfance, instinctivement, j'ai horreur des mystères. Tous les mystères sont pour moi des sources de pouvoir. Quand on crée un mystère, dans une société, on cherche à créer du pouvoir. Je suis un homme ordinaire et je vais continuer à l'être. A l'intérieur de cet homme ordinaire, il y a une grande lumière mais je ne veux pas transformer mon homme ordinaire en homme extraordinaire, non ! Je suis fier de mon homme ordinaire parce qu'il me permet d'être proche de l'humain, proche de la tendresse. Je ne vais pas me mettre dans une espèce de bouboule, hors du monde.
Lorsque nous sommes dans un état d'accueil et d'ouverture, on a la chance de s'apercevoir que sur la route que nous prenons pour chercher à s'extraire de notre stupidité, tous les banquets, tous les restaurants, tous les hôtels ont été prévus. Ils existent, ils sont là. Il ne faut pas désespérer de savoir où nous allons manger le lendemain, dans quel hôtel nous allons nous reposer. Je parle symboliquement bien sûr. Pour participer au banquet, il suffit de parcourir le chemin de façon ouverte ; ne pas dire, d'ici un an, je dois trouver telle chose en particulier, d'ici trois ans, je dois rencontrer tel maître. Il ne faut pas projeter, il faut être ouvert. Mais on ne le sent pas tout de suite. On a tous tendance à porter les vieux vêtements de nos parents, de nos grands-parents, de nos oncles et tantes, et en ce qui me concerne, celui des curés.
Ce qui compte le plus, c'est de recevoir des signes de tendresse. Il peut arriver qu'on nous entrouvre les portes d'un monde de présages, d'un monde de l'intuition, d'un monde des perceptions sensitives, d'un monde aussi fragile et aussi éphémère que ces notes de musique de Bach que j'écoute en ce moment. Elles ont une saveur au moment où elles passent et après, c'est passé ! Ce qui compte, c'est de sortir du monde de la peur, de la terreur, de la rigueur, de l'ordre, celui de l'éducation religieuse, un monde de prison et d'asphyxie de notre être. Parfois, notre corps nous ramène à la vie matérielle et sexuelle. Souvent, quand on mange d'une façon uniquement intellectuelle. Et pendant que nous plongeons dans ce monde de plaisir, de vitalité, avec des amants ou des maîtresses, nous sentons une force très puissante, à l'intérieur, qui nous dit : "Vas-y, ce n'est pas mauvais, c'est la vie !"
C'est important la tendresse. La tendresse et l'humour. Il s'agit de se sortir de l'obscurantisme, de se sortir de ce lieu où règne la souffrance et l'accusation. C'est tout un processus de lavage de la peur qui s'effectue, lavage de nos mémoires anciennes qui habitent notre corps, mais qui ne sont pas nous et qui nous empêchent d'être. Il ne s'agit pas d'avoir une politique feutrée où l'on dit les choses à moitié. Ici, nous parlons d'une façon très forte : "Arrêtez de vénérer la souffrance avec vos crucifix et votre péché originel !" Il y a une urgence de sortir de toute cette morbidité, de ce culte constant du martyr.
Laissez-vous pénétrer par la charge dynamique de l'amour. C'est un océan. Les choses qui se passent ainsi me font penser à une boulangerie dans laquelle on amène la farine mais où on laisse le boulanger travailler. Je ne touche pas, je n'interviens pas, je ne lui demande pas de faire des brioches ou des croissants, je ne lui dis rien. Je laisse les impressions pénétrer sans tripoter ce qui pénètre par les sens. Considérez la respiration et les impressions comme étant une nourriture en soi. Cela vous préparera à être concave, réceptive, et à ne pas tripoter les impressions que vous recevez. Comme je ne vous tripote pas. Vous continuez à pénétrer dans ma vie, dans mes cellules, mais je ne fais aucun tripotage. Ce soir, demain, après-demain, vous surgirez à travers un parfum, à travers une sensation, une perception, une couleur ou un moment d'intimité dans ma prière.
C'est cette exigence, cette probité, de ne pas tripoter les impressions, de ne pas les restructurer pour en faire des clichés, qui est fondamentale. Entre ! Entre ! Je les mange, vous voyez ! Mes cellules se saturent, c'est la vraie mémoire qui se constitue ainsi, votre vraie mémoire, qui n'a rien à voir avec votre mémoire mentale et discursive. Et vous ne pourriez pas pénétrer en moi si je ne vous aimais pas. Tout est lié. Mais je ne sais pas pourquoi je vous aime et je ne veux pas le savoir, non ! Je ne vais pas encore tripoter cela, je ne vais pas encore chercher à le posséder. Je laisse l'amour aimer l'amour parce que l'amour est subjugué par l'amour. Si je m'insinue là, j'en fais un cliché, j'en fais un objet, je le retire du vivant, je le mets en formule : "J'aime ceci. Donc, c'est un homme comme ceci ou une femme comme cela." Non ! Je peux le faire, bien sûr, mais ce n'est pas efficace, ce ne sert à rien. On ne fait que se rendre stupide soi-même ! Et à force de se rendre stupide, on change d'attitude.
Quelles sont les situations que l'on aime ? On aime tout ce qui nous rassure. Et on n'aime pas des choses qui peuvent être éminemment positives mais dont nous ne profitons pas. Notre stupidité n'est en fait qu'une question d'ignorance. L'être profond sait parce qu'il "est". Et lui, vous ne pouvez pas le tromper ! Tout ce qui est positif, il l'absorbe pour le reverser dans la créature, dans votre personnalité positive, pour la fortifier, la nourrir, la guider, la calmer, pour qu'elle soit un bon ouvrier, une bonne usine productrice d'énergie, de ces énergies dont il a besoin, lui, pour divulguer la connaissance et l'amour. C'est tout une alchimie entre l'être, la créature et l'univers qui a été brisée, cassée, détruite, par les religions. Non que les religions soient mauvaises, mais elles ont commis l'erreur monumentale d'écrire des dogmes, de séparer le corps de l'âme, de séparer la vie intérieure de la vie extérieure, de créer un lieu de refuge qui serait l'Eglise. Mais l'Eglise, c'est toute la planète ! C'est tout le cosmos ! C'est un temple immense dans lequel tout ce qui est adoration, est amour.
Qui vous a appris à fonctionner avec ce "j'aime ou je n'aime pas", comme vous dites ? C'est un conditionnement, tout simplement. Un conditionnement qui vient de votre père, de votre grand-père. Ce sont les vêtements des autres ! Vous voyez, d'un côté vous avez la créature qui a ses besoins, ses intérêts et ses buts, et de l'autre, vous avez l'être qui a son besoin, son intérêt et son but. En fait, il n'y a pas de problème de but entre les deux, il règne seulement une différence d'articulation car ils ont besoin l'un de l'autre dans cette temporalité, dans cette incarnation. I9l n'y a pas de séparation. L'être diffuse, imprègne la créature de toute son abondance, mais la créature a oublié l'être parce qu'elle est attirée par les sens et le plaisir. Ce "j'aime/je n'aime pas" a créé une couche isolationniste, la créature s'est isolée de l'être.
Là-dessus intervient ce que l'on appelle la culture. L'intellect crée des formes de pensée qui affirment cette séparation, et cela crée une mémoire répétitive, justifiée par des textes, des dogmes. A ce moment-là, cette mémoire répétitive passe par les capillaires, entre dans la cellule et crée le conditionnement. Donc, vous êtes une partie qui obéit à cette nature possessive de la créature, mais une partie qui a été justifiée, qui a été construite par les autres. Ils ont introduit les devoirs, les sacrifices, ils ont introduit la souffrance, l'effort, la peur.
On n'est pas né avec la peur. L'enfant n'a pas peur, l'enfant naît ouvert, mais on introduit tout de suite la peur, la convoitise, l'imitation : "Dis bonjour à la dame, ne fais pas ci, ne touche pas ton zizi !" On commence à discipliner l'enfant, mais selon quels critères ? Selon les critères de l'éducation que l'on a reçue. Mais cette éducation, est-ce que c'est la mienne ? Non, c'est celle de mon père, c'est celle de ma mère, c'est celle de l'Education Nationale, c'est le code moral de la société. Il ne faut pas oublier l'histoire de notre humanité, n'est-ce pas ! C'est pourquoi, avant de commencer un travail intérieur, il est très important de faire un lavage. Chercher à savoir qu'est-ce qui est moi et qu'est-ce qui n'est pas moi.
Je suis né en Espagne, dans un pays dirigé par un dictateur. Je suis issu, en quelque sorte, de l'Inquisition espagnole, d'une religion véritablement dramatique. Lorsque j'était enfant, la première image que j'ai reçu de ce soi-disant Dieu, c'est celle d'un être crucifié, avec une couronne d'épines sur la tête et du sang partout. Imaginez l'impact ! Cette image de souffrance s'est évidemment plaquée à l'intérieur de mon pauvre esprit et mon être ne pouvait que reculer pour ne pas être souillé par de telles horreurs. Tout ce que cela produit, c'est une frustration émotionnelle intérieure, c'est de l'impuissance, de l'affliction, du désespoir. Puis vous entrez dans le monde adulte et les adultes vous justifient encore cette souffrance avec le discours des curés, les catéchismes, les processions... Il faut à un moment donné faire un états des lieux et constater les faits.
On sait que la personnalité commence vers quatre ou cinq ans par l'éducation, c'est-à-dire par un conditionnement. Ok. Ensuite, à vingt ou cinquante ans, cette femme ou cet homme rencontre tout à coup un guide spirituel qui lui parle d'un autre univers. Quel oxygène ! L'être en a été privé pendant vingt, trente, cinquante ans ! Alors, cette personne plonge dans un travail intérieur mais elle plonge avec une violence colossale, avec une telle avidité ! Elle plonge avec tous les défauts de la créature qui vont progressivement s'installer dans la pratique et la compréhension de l'enseignement qu'elle reçoit. Parce que la créature est avide, elle a peur du manque, parce qu'on lui a appris à spéculer, parce qu'elle est née et a vécu dans un monde de récompenses et de châtiments. "Si tu réussis ton examen, tu auras une bicyclette !" Donc, je ne réussis pas pour moi, je réussis pour avoir une bicyclette.
Ce système éducatif est la source de beaucoup de perturbations, de beaucoup de résonnances négatives qui agissent dans votre vie. Ce conditionnement, qui a forgé vos croyances les plus profondes, peut être démantelé avec un nouveau regard, mais ce nouveau regard, doit être fabriqué, créé par le travail intérieur. C'est là où intervient le guide, non pas pour vous donner un ciel, mais pour vous libérer de l'emprise de ce conditionnement mémoriel, afin que vous alliez vers l'amour ou vers Dieu si vous voulez l'appeler Dieu. Mais si vous allez à Dieu, vous n'y allez pas par peur ou par récompense, pour avoir le ciel ou pour échapper à l'enfer, vous y allez, tout simplement. Mais qui y va ? C'est l'amour qui rejoint l'amour. Dans l'amour, il n'y a ni effort, ni sacrifice, ni larmes, ni gravité, ni extraordinaire, ni transcendance. L'amour est l'amour. Simple, simple ! Il se passe d'attribut. Et là, vous rencontrez la prière. Mais pas la prière pour demander ou pour échapper à quelque chose. Pas la prière qui implique une obligation.
Ce que nous n'arrivons pas à comprendre, c'est qu'il faut constamment inventer, comme je ne cesse de le dire, inventer sa vie, inventer une nouvelle formulation des choses, créer un autre langage. Parce que le langage est une porte ouverte à la créativité ou au conditionnement. Nous disons "prière" en Occident, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Cela nous évoque l'église, le catéchisme et tout ce qui va avec... C'est vieux, c'est la grand-mère, le grand-père, les trisaïeuls... Pourquoi quand on entend "prière", on n'entend pas "offrir" ? Pourquoi on ne pense pas que l'on pourrait être tendre avec Dieu ? Vous allez dire : "Dieu n'a pas besoin de tendresse !" Qu'est-ce que vous en savez ? La tendresse est une manifestation, un véhicule de connaissance. C'est aussi un véhicule d'énergie. Pourquoi ne pas être tendre avec son ami, avec son Dieu, avec le lieu dans lequel on habite ? Pourquoi ne pas habiter le vivant, c'est-à-dire rendre vivant tout ce qui nous entoure ? Qu'est-ce qui vous empêche de dire au moment où vous quittez votre chambre : "à toute à l'heure" ? Qu'est-ce qui vous empêche de saluer votre plante quand vous la voyez, ou une fleur ? On a opté pour des comportement stéréotypés, répétitifs, coupés du vivant.
Dieu n'est pas la récompense d'un effort. Mais le langage auquel on est habitué véhicule beaucoup d'erreurs. Aussi, j'ai dû me nettoyer de la peur, de la contrainte. Je n'étais que cela, peur, contrainte, peur, contrainte. Acceptez simplement de jouer avec les choses ! Non, vous voulez prendre une prière ou un exercice avec gravité. Mais ce n'est pas possible d'être aussi stupide ! Dieu n'est pas un bourreau ! Faisons une analogie. Si vous étiez avec un enfant de trois ou quatre ans qui jouerait ici, vous allez le traiter avec indulgence, avec tolérance, avec patience. Vous n'allez pas lui dire : "Tu t'assois là et tu ne bouges plus d'un poil !" Ce n'est pas possible. L'enfant va crever sur place ! Mais comme on ne sait pas se traiter soi-même avec indulgence, avec patience, nous entrons dans un travail intérieur avec une gravité ecclésiastique. Non !
Il s'agit simplement de se faire guider pour entrer dans un autre monde qui est celui de votre corps. Parce que vous ne le connaissez pas, c'est un autre monde que celui que vous croyez. Et ce monde contient encore d'autres mondes. Alors, on prend un guide, mais ce guide, c'est un ami ! Il doit y avoir une relation d'amitié entre ces deux personnes, pas une relation de pouvoir. Je suis un canal qui peut véhiculer certaines choses, mais il ne faut pas que ce canal se prenne pour l'auteur, ou pour le but, ou pour l'origine. Sinon, il y a prise de pouvoir. C'est une relation d'amitié ! C'est fondamental.
Un travail intérieur implique un certain nombre de pratiques, d'accord, mais ne nous flagellons pas ! l'autodiscipline existe, on doit la cultiver, mais pas jusqu'à la crispation. La première fois que l'on conduit une voiture, on est raide, crispé. Mais au fur et à mesure que l'on conduit, on se détend et cela devient très simple ; parce que c'est passé dans votre centre moteur. L'autodiscipline, les exercices, ne doivent pas devenir un poids ; ce ne doit pas être un devoir ni une obligation ; c'est juste une mémoire qui passe dans le corps et qui devient votre respiration.
La sensation de mon corps que je pratique depuis des années et des années m'accompagne pendant que je vous écris. Cette sensation circule dans tout mon corps. Je suis en train de vous écrire, mais en même temps mes pieds vous écrivent, mes mains vous écrivent, ma bouche vous écrit, mes coudes, mes épaules, mon dos, mon nez, mes oreilles vous écrivent, tout mon corps vous écrit ! Tout mon corps est en train de travailler pour que je sois présent. Cela, bien sûr, c'est le résultat des exercices, de beaucoup d'exercices, mais pas d'une pratique poussée jusqu'à en souffrir. Il s'agit de commencer à s'habituer à être dans son corps, à être dans un état de présence à son corps.
Au cours de cette thérapie, je vais chercher à ridiculiser totalement votre mental ; je vais en ridiculiser toutes ses formes, tous ses paramètres, toute sa logique, vos "ça, c'est normal ; ça, ce n'est pas normal". Je vais mettre votre mental en pièce, constamment ! Dans un premier temps, il s'agit que votre ego perde tous ses repères pour laisser votre être prendre les commandes de votre véhicule. A ce moment-là de la thérapie, je peux me montrer très confrontant, très abrupt. Ainsi, je peux renverser le futur, le passé et le présent. Ne vous prenez pas pour des Orientaux ! La pensée orientale est difficile pour l'être occidental parce que vous êtes obnubilés par l'idée de finalité et que vous allez tôt ou tard systématiser ce qui n'a jamais existé. Il s'agit de vraiment de renverser la conscience dans le cœur, d'arrêter de penser au profit de la sensation.
C'est un travail d'exploration et de développement des facultés : attention, perception, mémoire, sensation. La première chose, c'est la nécessité de se nettoyer. Se nettoyer de la contrainte, de la souffrance, de la peur. Toujours, la même chose, vous voyez : d'abord, nettoyer ! Comment faire un travail intérieur si je suis dans la partie négative de moi-même ? Je ne peux voir que le négatif ! Savoir que le négatif intervient constamment dans votre vie, c'est une connaissance. Cette planète est saturée de négatif, un négatif qui irrigue toute notre histoire : génocides, guerres, racisme, islamophobie, antisémitisme, violence sexuelle faite aux femmes, souffrance en tous genres... L'histoire de l'humanité n'est que l'histoire du crime.
Un bon maître est l'aboutissement de beaucoup de messages, de très nombreuses préparations reçues depuis l'enfance. Vous venez déjà avec un aimant qui cherche l'aimant ! C'est cette partie cellulaire qui est importante, ce sont ces molécules à l'intérieur de vous qui contiennent votre vraie mémoire. J'essaie d'avoir un contact très profond avec celles et ceux qui me demandent de les aider. Profond, ne signifie pas mental, cela veut dire un contact sain, vrai. Je les mets face à toutes les questions essentielles. Au cours d'une thérapie, je cultive des rencontre extrêmement amicales, profondément tendres. Je n'introduis jamais de rigueur entre nous. Nos rapports concernent les questions essentielles, presque jamais des choses superficielles. Je dis les choses clairement, sans ambiguïtés. Je vous rassure tout de suite : je ne suis pas un maître, je suis un passeur.
Je vous accepte comme vous êtes, alors acceptez-moi comme je suis, c'est-à-dire avec toutes les différences de coloration que je présente, avec des modalités totalement différentes des autres thérapeutes. Acceptez de ne pas me comprendre. Acceptez de ne pas pouvoir me contrôler. Acceptez que je vous échappe par tous les côtés. Acceptez que je sois impossible à localiser. Acceptez que je ne sois jamais là où vous m'attendez. Acceptez que je vous joue des tours de toutes sortes, pour désarçonner toutes les tentatives de votre ego à vouloir me situer, et par là, à vouloir vous situer. Je crée une distorsion totale à chaque moment pour détruire toute possibilité de transfert. Je vais vous réveiller ! Je peux même vous laisser plonger dans l'erreur, no pas jusqu'à la tête, mais jusqu'à la pointe des cheveux ! Et pendant que vous plongez de plus en plus profondément dans votre stupidité, je vous encouragerai : "Oui, oui, continue, continue !" Je vous pousserai jusqu'à ce que vous tombiez dans l'idiotie la plus totale afin que vous vous rendiez compte que vous êtes un imbécile véritablement certifié et que vous avez bouffé la sardine jusqu'au cou ! Mon but : que vous ne la bouffiez plus de toute votre vie ! Pour que vous ne bouffiez plus jamais de telles sardines !
Concernant l'éveil, il y a cinq ans, j'étais quand même un peu... attentif, si vous voulez ! J'ai lu des livres sur l'hindouisme, sur le bouddhisme, sur le soufisme qui parlent d'éveil de la conscience. C'est un mensonge monumental. C'est vous qui vous éveillez à la conscience, ce n'est pas la conscience qui s'éveille. Elle est éveillée depuis belle lurette ! Mais on dit l'éveil de la conscience, non ! C'est l'éveil de soi-même à la conscience ! La conscience est parfaite, complète, elle est totale. Vous n'avez pas besoin de lui ajouter quoi que ce soit, ni de lui ôter quoi que ce soit. C'est l'éveil des centres inférieurs qui se mettent en contact avec les centres supérieurs. La méthode c'est de faire cela goutte à goutte, tellement goutte à goutte que vous ne vous en rendez même pas compte. Ce n'est pas, paf, et vous tombez en extase. Non, c'est goutte à goutte ; tellement goutte à goutte que vous vous rendez compte que vous conduisez la voiture et que vous ne savez pas comment vous avez appris.
Et, il y a un moment, où cela devient clair pour soi-même. Oui, quand vous commencez à jouer avec la vie et que vous introduisez l'humour en vous-même. Là, il y a une certitude qui vient du cœur. Du cœur ! Si vous préférez, à un moment donné vous vous dites "Tiens, tiens, tiens... c'était donc ça ! Ce n'était donc que ça !" C'est le retour au naturel. Et dans ce naturel-là, vous vous rendez compte aussi que des résidus de peur, d'éducation, d'envies, de jalousies, de "je suis pas d'accord", "je suis d'accord", de justifications, continuent à vous suivre. De toute façon, quoi que vous fassiez, les lianes de la forêt vont chercher à recouvrir la route. C'est leur nature. Il faut donc ouvrir ses yeux, non pas pour ouvrir la route, elle est déjà ouverte, mais ouvrir les yeux pour empêcher que les lianes la recouvrent. Parce que c'est la nature de la liane, tout simplement. Et si c'est sa nature, ce n'est pas mauvais, c'est aussi la vie.
Ce personnage, ces lianes, cette forêt, tout cela n'existe pas, mais ils veulent exister à travers l'incarnation ; et il n'y a qu'un seul terrain pour qu'ils puissent exister, c'est l'homme ; autrement dit, moi. Ce terrain, c'est mon corps, c'est la mémoire des habitudes anciennes. Vous les sortez par la porte, ils reviennent par la fenêtre ! Ils entrent à travers de petites négligences, ce ne sont pas des mastodontes, mais ils pénètrent. Si vous les laissez pénétrer là, ils vont devenir plus forts. Il faut être attentif, attentif à ne pas se séparer de ce que j'ai appelé l'intérieur de moi-même. La nature humaine est ainsi faite. Donc, on reste toujours ami de la créature mais on lui adjoint un bon gardien ! Ce gardien vous permet de continuer de pratiquer les choses qui on fait de vous le lieu dans lequel est né ce "quatrième corps", c'est-à-dire un corps dans lequel tous les centres fonctionnent ensemble. Parce que ce quatrième corps a aussi des demandes, il nécessite des attentions. Jusqu'à ce qu'il devienne adulte, il faut être très vigilant. Ce quatrième corps, en moi, doit avoir à peu près dix à douze ans, depuis ce que vous appelez l'éveil.
Oui, je le situe à partir de certaines réalités qui sont apparues, de certaines possibilités qui se sont manifestées. J'ai pu plonger à l'intérieur de ma cellule, j'ai pu plonger à l'intérieur de ma prière, j'ai pu entrer dans le silence. Je sais que ce sont des dimensions que l'homme ancien ne pouvait pas atteindre. Il les cherchait mais il ne les a pas trouvées. Il ne les a pas trouvées, lui. C'est avec la naissance du nouvel homme, d'un nouveau regard, d'une nouvelle respiration, d'un nouveau plan émotionnel, d'un nouvel entendement qui constitue ce quatrième corps, que cela a pu être possible. Mais il est jeune, à douze ans, ce n'est même pas la puberté, vous comprenez. Il n'est pas encore adulte, il n'est pas cristallisé. Maintenant, il faut le nourrir.
Alors, par exemple, quand je rentre ici et que je suis seul, je mets une cantate. Je ne l'écoute pas, je la goûte ! Je la savoure ! Je pénètre dans la cantate. Je pénètre dans la partie de la cantate qui correspond à mes octaves intérieures. Je n'écoute pas ce qui ne me correspond pas. Je sais séparer ce qui plaît au côté esthétique de ma créature de ce qui est fondamental pour mon être. Dans une cantate, j'écoute tel moment et pas toute la cantate. Je n'écoute plus quantitativement mais qualitativement. J'écoute ce que les maîtres soufis appellent des "abjads", c'est-à-dire des moments précis qui correspondent à votre octave.
C'est cela qui est important : rencontrer dans la musique les moments qui vous correspondent, qui correspondent à votre réalité, aux partie fondamentales de vous-même, essentielles de vous-même. Pas tout le concert. Pas toute la fugue ou tout le prélude. Simplement ces dix, trente, cent ou deux cents notes qui vous touchent. Protégez ces moments. Ce sont vos colorations, vos sentis, non pas ceux de Pierre, de Jacques ou de Jean, ce sont les vôtres. A ce moment-là, l'histoire de la musique, savoir si c'est un musicien baroque ou romantique, ne vous concerne plus. Ce genre de question n'a plus aucune importance. Dans un prélude ou un nocturne de Chopin, là, à un moment précis, précieux, cet instant où vous le goûtez, Chopin et vous faites "un". "Un" ! A un moment donné, chez Bach, cet instant où lui et vous, faites "un" ! Pareil dans un moment de peinture. Lorsque Léonardo et vous, faites "un" ! Avec Monet ou Dali, ces mille détails dans lesquels vous faites "un" ! Un et plus deux.
Et il n'y a pas seulement "un". Il y a unité et multiplicité. Dieu ne nie pas sa création, c'est nous qui la nions ! C'est nous qui excluons. La chaise continue d'être là ; la plante, le voisin, continue d'être là ; le parfum d'une fleur... Regardez la couleur de vos chaussettes. Cette couleur est une impression. Vous aussi, vous êtes une impression. Qu'est-ce que cette impression va produire en moi ? Je n'en sais rien. Je suis thérapeute. Est-ce que je sais ce que va produire plus tard cette impression, cette couleur, dans le cadre d'une séance ? Voyez pourquoi je ne tripote pas ce que je capte. Parce que j'ai compris l'erreur monumentale de situer les choses dans le temps et dans l'espace, l'erreur monumentale de créer des catégories. C'est pour cela que c'est difficile de parler de l'éveil...
La clé, c'est nous et il faut entrer à l'intérieur. On cherche toujours la clé à l'extérieur, dans l'ésotérisme, l'archéologie, la géographie sacrée, la gnose, le chamanisme, l'accumulation de savoir, les rencontres, les synchronicités, toutes sortes de choses de ce genre, et c'est normal, c'est la recherche, le voyage. C'est comme le Graal, lorsque vous le cherchez, vous le cherchez. Mais quand vous le trouvez, il n'y a pas de Graal car c'est vous, le Graal ! C'est vous, le calice !
Dans un jardin du Perche, dans une maison de campagne, d'un seul coup une fleur vous parle. Pendant quelques instants, ses pétales ne sont plus des pétales. Les pores capillaires de la feuille apparaissent à mes yeux comme si j'avais une énorme loupe. D'un seul coup, la fleur devient une présence qui émane, qui vient et à laquelle je vais. C'est vous qui allez et c'est elle qui vient, c'est-à-dire un entrecroisement du regard qui dure deux, trois ou quatre secondes. Oui, d'un seul coup, marchant dans le chemin, une petite fleur, une toute petite fleur avec quatre ou cinq pétales, vous la voyez immense. C'est ainsi, que de petites pointes en petites pointes, vous donnez la version que, oui, il y a toujours eu quelqu'un d'autre en vous. Et c'est ce quelqu'un d'autre qui, de temps en temps, perce ma personnalité, ma créature, et me montre que lui peut voir, avec un œil intérieur et non pas avec des yeux extérieurs, qu'il peut écouter avec une oreille intérieure et non pas extérieure, qu'il peut goûter avec une saveur intérieure et non pas extérieure, mais ne pas situer cela dans une date.
Cette thérapie agit en introduisant une relativité dans ce que nous faisons, afin de relaxer notre diaphragme qui est complétement pris dans un étau. Et plus on écrit ou on lit des articles d'ésotérisme qui parlent d'au-delà, de transcendance, d'états de conscience extraordinaires, plus l'étau se resserre parce qu'il vous éloigne de vous. L'être humain est étouffé. Il lui faut une thérapie libératrice, le libérer de toute cette quantité de peur, de vieux vêtements, de vieilles souffrances, de vieux sérieux, de vieille transcendance. Tout cela c'est la prison du passé. Il faut retranscrire les textes des grands maîtres qui nous viennent du passé dans un langage actuel, il faut travailler avec l'homme actuel.
L'homme actuel souffre parce que d'énormes édifices de dogmes et de peur l'étouffent à l'intérieur. Et il s'égare parce qu'il se prend pour quelqu'un d'autre, pour quelqu'un d'important, de sérieux, mais il n'est pas très important. L'homme peut rejoindre une transcendance, mais cette transcendance doit être rejointe avec un sourire, dans une détente, parce que Dieu n'est pas rigueur, Dieu est amour. Il n'est pas châtiment, ni souffrance, il est amour, tempérance, tolérance.
Je n'attends rien de vous à part que vous entriez d'abord dans l'expérience. Il n'y a rien à comprendre ni à analyser, en fait. Il n'y a rien à "tripoter". Il s'agit de capter les impressions et de vous éveiller à la sensation. Car à partir du moment où on nous l'explique, nous faisons en fonction de ce qu'on nous a dit et non plus en fonction de ce que nous pourrions faire ! Vous ne pouvez pas savoir à quel point l'être humain est diminué. Il n'est pas à zéro, il est en dessous de zéro ! Mais ce n'est pas parce qu'il est réellement en dessous de zéro, c'est parce qu'il s'y met lui-même. Pas de systèmes. Un maître n'enseigne pas le verbiage, il enseigne par l'action ! Par l'action, constamment par l'action. Soyez constamment dans cette rupture du sacro-saint. Ce n'est pas une sainteté castrée, non ! c'est être dans la réalité, la réalité sensitive. C'est une immense leçon pour nous occidentaux, je vous assure, c'est une immense leçon.
Les résistances au changement, qu'on le veuille ou non, sont incroyablement fortes.
Je vous en prie, assumez votre grandeur !
Vous savez, on adore les catégories et dans ces catégories, on met tout ce que l'on croit savoir. On me demande souvent à quelle école de psychanalyse j'appartiens. Pourquoi aime-t-on autant diviser les choses ? Personnellement, quand je lis Freud, Jung, Lacan, Rilke, Eckhart ou Rûmî, je sens le même fluide qui passe à travers leurs textes, un même fluide qui prend bien sûr, selon l'auteur, des modalités différentes. Freud a ses coloris propres, Eckhart a les siens, mais la quintessence passe à travers tout. C'est notre mental qui crée les divisions. "Vous pratiquez la méditation ? Ah, non, c'est vrai, vous êtes soufi..." Je ne suis pas freudien ni jungien ni lacanien. Je ne peux pas effacer toutes les rencontres que j'ai faites en dehors de ces écoles. Si je dis que je suis jungien et que Lacan ne l'est pas, il ne serait donc pas valable pour moi ? C'est complétement stupide.
J'ai une présence chrétienne. Elle vient de mon enfance, entre autres. Pourquoi devrais-je la renier ? Bien sûr, j'ai lavé mon pauvre Jésus de toute cette souffrance que l'on a longuement cultivé autour de lui. Je l'ai fait descendre de sa croix et il est cicatrisé depuis belle lurette, heureusement ! Donc, si j'ai besoin de Marie, de saint Augustin ou de Bach, pourquoi je m'en priverais ? Pourquoi je m'interdirais de lire le Coran et de réciter des sourates ? Une des personnes que j'ai aidé m'a offert Le Cantique des Oiseaux. Pourquoi ne pourrais-je pas m'en inspirer parfois au cours d'une thérapie ? C'est mon mental qui sépare, comme j'ai séparé les religions des sciences, les sciences de l'art, l'art de la philosophie.
Vous savez, ce que mon dernier maître m'a appris, entre autres, c'est à travailler avec l'homme d'aujourd'hui, dans un langage actuel et avec des moyens actuels pour éviter cette fascination du passé qui vous rend "traditionnalistes", pour éviter de cultiver des choses qui ne sont plus nécessaires aujourd'hui. Nous ne vivons plus dans une époque d'obscurantisme religieux, nous sommes dans une époque d'éclaircissement scientifique. Alors profitons de cet instant ! Ne disons pas : "Ah, si j'étais à l'époque des Celtes, de Jésus ou de Rûmî !" Non ! Profitons de notre époque.
On ne fait plus Paris Lyon à cheval ou à dos de chameau, on prend le TGV ! On gagne du temps ! Ce bon sens et cette écologie que nous avons pour la vie ordinaire, on ne l'applique pas à la vie intérieure. On aime croire à la magie du passé. Comme si le passé pouvait nous sauver. Oui, on a une crise de conscience ; aujourd'hui, nous passons d'une ère à une autre. Mais ce n'est pas pour cela que c'est mieux ou pire, c'est différent !
Ce que l'on n'admet pas, c'est que ces modes opératoires, ces modes de transmission de connaissance, ces formes de langage, ces thérapies qui nous viennent du passé appartiennent à leur époque et ces époques sont révolues ! Aujourd'hui, on a un autre type de langage, il y a un autre type d'incidence et de coïncidence, mais comme on a les yeux braqués sur le passé, on ne voit pas le présent et on ne voit pas la richesse qu'il contient, on ne voit pas le possible qu'il contient.
C'est avec les téléphones portables, Internet, les réseaux sociaux, les nouvelles technologies, c'est en utilisant les éléments actuels que vous pouvez faire un travail intérieur, mais il faut décoder, décoder, décoder ! Les éléments actuels peuvent passer à travers une phrase sur Tiktok. Un évènement, comme la guerre en Ukraine ou en Palestine, vous permet de comprendre comment l'homme procède aujourd'hui, comment il procédait hier, comment il répète ses mécanismes meurtriers. Les publicités sont de merveilleux miroirs. Donc, vous pouvez travailler aujourd'hui sans avoir besoin de changer de siècle. Avec l'homme actuel !
Nous profitons d'une ouverture de connaissance colossale, pour beaucoup de causes. Mais nous sommes aussi les héritiers d'un énorme bagage culturel : la Renaissance, le Moyen Age, les écoles philosophiques grecques, les écoles présocratiques, la culture celte, les liens avec la civilisation égyptienne... Travaillons avec les éléments présents, mais ne nous coupons pas de cet héritage !
Nous avons actuellement d'énormes possibilités dans l'exploration du monde matériel, nous avons plus d'informations, plus de vitesse. Nous avons à notre portée des bibliothèques entières. Il y a eu des erreurs, oui, de la part des Eglises, de la part des philosophes, des ésotéristes, des politiques, de cette société patriarcale... Mais ne regardons pas les erreurs, tirons le meilleur de notre héritage. Il contient des choses merveilleuses, et qu'est-ce qu'on en fait ? Sur le plan intérieur, on en fait des mausolées, on lèche les vitrines des cathédrales, des livres saints. On continue à adorer, adorer, faire des pèlerinages. Et puis ? Rien ! On s'est transformés en lécheurs de vitrine. Mais si Jésus a existé, c'est pour que je puisse aller aussi loin que possible. Et si je pouvais aller plus loin encore, il dirait : "Vas-y !"
Je vais "utiliser" les maîtres et non pas les "adorer". En utilisant leur enseignement, je les rends vivants, je leur donne leur raison d'être. Parce que si un maître a fait ce qu'il a fait, c'est pour que je m'en serve ; si Jésus a existé, c'est pour que j'utilise ce qu'il m'enseigne. Il n'a pas besoin que je l'adore. C'est un premier aspect. Il y en a un autre.
Aujourd'hui, on achète un livre de littérature mystique dans une librairie, on le lit, et là-dessus, on commence à le tripoter, à se créer des convictions et des suppositions, à projeter ses fantasmes. Où va-t-on là ? Quelle est la partie de mon cerveau qui a lu ce livre ? C'est une partie "mécanique". Est-ce que l'on connait cette partie mécanique ? Non. On ne sait même pas qu'elle existe !
La lecture est une chose nécessaire mais elle peut être aussi un piège colossal quand il n'y a pas de discernement. C'est pour cela que je parle de cette partie en nous qu'il faut nettoyer. C'est un nouveau regard, c'est l'apparition en soi-même d'un discernement, qu'il faut construire. Savoir aussi que je n'ai pas les éléments aptes pour aborder ce genre de littérature, que je dois lire doucement, calmement, avec beaucoup de prudence car sinon je crée avec ce que je lis une véritable fantasmagorie.
Il y a tant de choses sur lesquelles on est mal informé. Sans parler du langage qui nous piège continuellement ! J'ai toujours pu parler de tout avec mes maîtres, j'en avait besoin, que ce soit du sexe, de la société, de la drogue, de l'alcool, de la politique, de tout, mais sans ambiguïté. Nous ne prenions pas de gants.
Il y a très peu d'êtres humains sur cette planète. Aujourd'hui, quand je dis "humain", j'entends un homme, ou une femme, qui est passé(e) par un développement, qui a eu(e) une transformation, qui utilise les deux hémisphères cérébraux, qui connaît ses centres, qui peut traverser les apparences. Pour moi, cette femme-là ou cet homme-là, sont des êtres humains.
Un jour, nous apprenons qu'Aristote a fait croire à l'homme occidental qu'il était deux. Il y a l'esprit et la matière, mon corps et mon âme, ma vie intérieure et ma vie extérieure. Je suis duel et je suis crucifié dans cette dualité, entre les appétits de mon corps qui aime la chair, qui aime la femme, les caresses, la sensualité et cet autre côté spirituel. Mais ce n'est pas possible, cette rupture ! Pourquoi ne pourrais-je pas dire "Gloire à Dieu !" dans un orgasme ?
Pourquoi ne m'a-t-on pas dit la vérité ? Je ne suis pas une dualité, je suis un trinaire. Je suis le propriétaire ou le possible voyageur de trois mondes : le monde extérieur avec lequel je suis en contact avec mon corps ; mon monde intérieur avec lequel je suis en contact par mon âme et le monde de mon entendement, de mon esprit, qui va me permettre d'être en contact avec les polarité énergétiques Yin et Yang de ma nature.
Pourquoi ne m'a-t-on pas dit que j'étais la représentation de cette forme trinaire, que l'on appelle : "positif, négatif et conciliateur" ; ce que la religion chrétienne appelle : "Père, Fils et Saint-Esprit" ; ce que les Hindous appellent : "Vishnou, Shiva et Brahma" ? Pourquoi m'a-t-on menti ? Ce sont des générations et des générations d'hommes et de femmes qui ont été égarées et qui continuent de l'être. Et c'est sur ce terrain que vous voulez faire un travail intérieur ? D'abord, il faut élaguer, il faut nettoyer cette partie malade de l'esprit, nettoyer toute cette culpabilité qui s'est incrustée. Il faut redonner à la femme et à l'homme le moyen de tourner son regard vers sa noblesse.
Vous êtes un être parfait, vous n'êtes pas un déchet ! Vous avez commencé à genoux, il faut vous mettre debout ! Vous êtes vertical(e), vous n'avez pas besoin d'un maître. Vous avez besoin d'un ami, non pas pour qu'il fasse le travail à votre place, mais pour qu'il vous donne des techniques afin que vous puissiez travailler votre propre terre, que vous fassiez la reconquête de votre propre mémoire. C'est ce travail que mon maître a fait, avec une patience et une forme que parfois je ne comprenais même pas, pour m'extirper tous ces résidus : le péché originel, la peur de ci, la peur du diable, la peur de la punition de Dieu, la femme pécheresse...
Vous allez me dire : "Mais tout ça, c'est du passé !" Parce que vous êtes persuadé(e)s que si vous ne croyez plus dans les dogmes de la religion, ces empreintes négatives ne peuvent plus agir sur vous. Malheureusement, que vous soyez croyant(e) ou athé(e), ces empreintes agissent ! Elles "agissent" ! Il a fallu que je plonge profondément en moi pour voir tous ces résidus à l'œuvre : ma conviction de la nécessité de l'effort, mon acceptation de la souffrance ou du martyre pour mériter la réussite ou l'éveil, la peur de changer, mon envie d'évoluer.
Mais je ne plus évoluer, évoluer vers quoi ? Aller vers où ? Il ne faut pas aller quelque part, il faut rentrer, il faut retourner à l'état originel. Il faut donc que "j'involue", pas que j'évolue, que j'involue par rapport à tout ce que la société me propose et m'a proposé. Il faut que je désobéisse aux paramètres dans lesquels l'homme a cherché à enfermer l'homme. Parce qu'il n'a pas réussi à l'enfermer totalement, heureusement. Beaucoup ont pu s'échapper ! Et s'ils se sont échappés, cela signifie que l'on peut s'échapper aussi !
C'est une chasse à l'homme qu'a fait l'homme. C'est, dit d'une autre façon, une guerre entre la lumière et les ténèbres. Mais pas besoin de créer des diables extérieurs, c'est l'être humain qui incarne cette guerre, il l'incarne dans sa racine possessive, dans sa superbe, en ne voulant pas admettre qu'il a une origine qui n'est pas lui. L'homme n'a pas peur du diable, il a peur de Dieu. Il a peur de Dieu ! Pourquoi ? Parce que Dieu n'admet pas de petitesse, il est grand, et l'homme ne veut pas être grand ! C'est ça, la question. Il a peur d'être grand parce que pour être grand, il faut être responsable.
Je suis un trinaire : positif, négatif et conciliation, comme je vous l'ai dit, je ne suis pas une dualité. D'où viennent les livres qui parlent de la dualité ? D'Aristote, d'accord, mais qui a véhiculé cela ? Les religieux, les philosophes, les métaphysiciens, même les savants. Tous n'ont eu que ce mot à la bouche : dualité. La dualité entre le bien et le mal. C'est là que commence le drame, c'est là que débute et se génère toute la souffrance.
C'est pour cela qu'un maître commence par pratiquer une thérapie sur celui ou celle qui l'approche. Cette thérapie va se faire à travers des contes, des histoires, à travers des blagues, à travers le rire, à travers des voyages. C'est une thérapie pour d'abord récupérer, et c'est le mot juste, ce qui reste de moi. Et avec ce qui reste de moi, je pourrais commencer à faire apparaître un nouveau regard. Un nouveau regard dans lequel je puisse m'accepter comme je suis, sans vouloir changer mes colorations, mes formes.
Dans lequel aussi, je puisse commencer à vivre avec les colorations des autres. Accepter les autres, non pas par charité, mais parce que sinon, vous ratez le coche ! Accepter les autres parce que ce n'est qu'en acceptant les différences que vous grandissez. Parce que si vous ne travaillez pas avec les différences, vous ne produisez pas le frottis nécessaire afin de chauffer le carbone et créer l'alchimie intérieure.
De plus, si vous gardez et acceptez vos particularités, vos spécificités, vous n'avez pas besoin non plus de vous convertir ou de convertir les autres. Quel soulagement ! Gardez vos caractéristiques, vos racines, vos idiosyncrasies ! Si vous utilisez les techniques du soufisme, de l'hindouisme, du taoïsme ou du bouddhisme, c'est pour nettoyer vos propres mécanismes, ce n'est pas pour vous convertir !
Sinon, jamais, jamais, je n'aurais pu comprendre Jésus, et la présence de cette force venue en lui comme une marée, quand il casse ce mystère que l'on a voulu mettre dans les synagogues, dans les monastères, dans les temples. Jésus n'enseigne pas dans les églises, il enseigne dans la rue : "Tu as le droit de parler avec moi. Je suis un homme régénéré mais tu as le droit, toi aussi, de parler sans intermédiaire." Il casse la distance. Les gens peuvent le toucher et quand ils le touchent, ils le sentent. Alors, ces personnes peuvent lui demander : "Ecoute, mon fils est mort, aide-moi", "Ecoute, je suis aveugle, aide-moi." C'est-à-dire, entre guillemets, Dieu était à la portée des hommes. Ensuite, Dieu a été retiré des hommes et c'est uniquement par l'Eglise, ou le prêtre, que l'homme pouvait accéder à Dieu. C'est terrible ! Ce sont ces mécanismes-là que les maîtres dénouent.
Mais le mécanisme est tellement fort que la première chose que nous faisons, c'est de considérer le maître comme un intermédiaire. S'il y a la lune, il ne regarde pas le doigt, lui ! Et nous, nous restons là, devant le doigt ; on le mord, on le grignote et on devient des adorateurs. Devenant des adorateurs, on devient passifs. Ce que veut le maître, c'est que nous soyons dociles, non pas vis-à-vis de lui, mais vis-à-vis de l'être ! Et avant même d'être docile à votre être, d'admettre au moins son existence !
Nous avons déjà parlé de ce sentiment de grandeur en soi, mais commencez d'abord par aimer sa possible existence ! Commencez à "aimer" ! Parce que ce sentiment de grandeur en soi, ce n'est pas un luxe. Il est vraiment important. C'est-à-dire que vous n'entrez pas dans la commodité quand vous touchez cette question, vous entrez plutôt dans l'inconfort, disons, dans un jeu de cache-cache avec votre être. Avant tout, il faut se déconditionner. Tout est là, dans le déconditionnement.
A votre être je ne peux rien apprendre, mais à votre créature, oui ! A votre être, je ne peux rien apprendre ! Vous comprenez ? Certains textes parlent du réveil de la conscience ; non, c'est le réveil à la conscience, à son être. C'est vous qui dormez et qui devez vous éveiller. La conscience, elle, est éveillée et bien éveillée ! Votre être, il est ! C'est la créature qui n'est pas contemporaine de cette découverte, qui n'est pas contemporaine de ce langage. C'est la créature qui est au-dessous, c'est elle qui doit monter. Vous (je dis bien : vous) vous n'avez rien à perdre, c'est la créatures qui a à perdre ses habitudes. Vous voyez ? Ce n'est pas l'être qui lâche prise, c'est la créature qui lâche prise à ses habitudes.
Et pour obtenir ce lâcher-prise, d'un point de vue historique, on a souvent proposé la guerre. Mahomet parlait de "guerre sainte" vis-à-vis de soi-même ; les autres de "batailles" ou de conquête de la créature. D'accord, pourquoi pas ? Mais s'il existait une autre possibilité ? Une possibilité qui serait l'alliance, le dialogue ! Qui serait la relation entre la créature et l'être, non pas de l'état de guerre, mais un état de tolérance, d'amour et de relation ; un état de conversation entre l'être et la créature.
Vous pourriez entendre l'être vous dire : "Aide-moi à t'aider, permets-moi cela, laisse-moi t'aider." Et la créature pourrait alors lui répondre : "Oui, mais ne me nie plus ! Oui, mais accepte-moi, avec ma temporalité, avec mes appétits, avec mes blessures, avec mes formes et avec mes désirs. Qui te porte ? A travers qui tu t'exprimes ? Laisse-moi te servir mais ne me traite pas comme si je n'existais pas ! Etre, aime-moi !" C'est un dialogue ! Et ce dialogue, l'Occidental l'ignore. Dans cette relation avec soi-même, on n'entrevoit que des paramètres de guerre et de tension. Mais on n'est plus au XIIème siècle, à l'époque des croisades et de la conquête du Saint Sépulcre, on n'est plus dans l'obscurantisme, on est dans une époque de lumière et de science. Alors, je ne vais plus me situer dans le registre de l'ascèse, du châtiment, de l'obéissance, de la sévérité vis-à-vis de moi-même, aujourd'hui, j'ai le dialogue ! Mais si ma créature ne veut vraiment pas m'aider, je peux alors choisir l'autodiscipline. Si ma créature ne veut vraiment pas m'aider parce qu'elle est tout le temps distraite, stupide, égotique, parce qu'elle ne pense qu'à elle, alors là, la rigueur est possible, si c'est nécessaire, mais pas comme unique moyen, pas comme unique thérapie, ça non !
J'ai une partie, en moi, qui est persévérante dans le travail intérieur, donc je dis aussi à mon être : "Laisse-moi aimer ce que ma créature aime, laisse-moi tranquille quand je regarde un match de rugby ou quand je mange un kebab !" Sinon alors, c'est quoi ? S'il faut être sérieux tout le temps, non ! S'il faut rire tout le temps, non plus. Vous voyez : Alliance ! Tout phénomène, sur quelque échelle que ce soit, est le résultat de la combinaison d'une rencontre de trois forces différentes et opposées. La pensée contemporaine reconnaît l'existence de deux de ces forces par l'approche des phénomènes force-résistance, champ magnétique positif-négatif, champ électrique positif-négatif, cellule mâle et femelle, etc. Sur la troisième force, elle ne dit jamais rien...
Pour conclure cette introduction à mon approche thérapeutique, je voudrais vous rappeler que son but est de revenir à la simplicité de l'enfant tout en cultivant les vertus de la sagesse. Son objectif est de ne pas s'encombrer du passé et d'éviter de se projeter dans un futur sans substance, pour vivre une présence immédiate au temps et à la réalité. Il s'agit de se libérer des entraves de la pensée pour se fondre dans un monde des perceptions sans ego. Enfin, il s'agit d'être pleinement ce que nous sommes sans jugement, sans attente ni compromis. Dans ce retour à l'unité primordiale, c'est aller vers un esprit silencieux, un corps détendu et des émotions bénéfiques. C'est recevoir le monde dans sa totalité énergétique, en harmonie avec ce qui nous entoure, et vivre libre.
Cette voie est un cheminement, une progression permanente, un apprentissage de tous les instants. Peu importe d'où nous venons et où nous allons, seuls comptent le voyage et l'évolution qu'il nous apporte.
Cette thérapie, c'est comprendre ce que vous êtes et qui vous êtes vraiment, c'est inscrire cette connaissance dans la dynamique du monde, c'est l'entretenir et l'exploiter pour vivre heureux et en faire profiter les autres, c'est saisir les lois universelles et en accepter les règles, c'est respecter son incarnation ici et maintenant et tenter d'accueillir chaque instant, chaque part de son existence, de soi-même, de la nature ou des forces qui nous dépassent (l'univers, Dieu, les dieux...).
Cette voie est une somme de traditions qui comprennent, expliquent et étudient le monde. Il faut oublier ses racines purement chamaniques et l'appréhender comme la connaissance universelle des qualités de l'humain mise au service de l'humain.
Le code déontologique
Christian s'engage sur l'honneur :
La majorité des gens ne se connaissent pas et font des choix qui ne leur correspondent pas. Plus nous sommes éloignés de notre essence (c'est-à-dire de ce que nous sommes profondément), plus nous déclinons et perdons goût à la vie. Il est préférable pour avancer dans la vie, de connaître son jeu de cartes, c'est-à-dire ses qualités, ses faiblesses, ses besoins, ses envies, ce qui est juste et épanouissants pour soi.
Beaucoup de gens comprennent intellectuellement la nécessité de se connaître, mais ils ont du mal à s'accepter. La honte toxique est le principal ennemi d'une bonne estime de soi. Elle fait naître des croyances ou des pensées écrasantes du genre : "Je suis un raté" ; "Je ne vaux rien" ; "Je suis méchant" ; "Je suis incompétent"... S'accepter revient à voir la réalité de façon globale, et à ne plus osciller entre orgueil et dévalorisation.
Etre honnête avec soi est souvent difficile, car nous craignons de nous confronter à notre ombre et de souffrir. Cette peur de la souffrance est cependant bien pire que la souffrance elle-même ; elle nous paralyse et nous empêche de découvrir nos trésors intérieurs. L'automanipulation est l'outil le plus courant pour se mentir à soi-même. C'est une forme de résistance aux changements.
L'action est une confrontation avec la vie : elle est indispensable pour changer et évoluer. Ne pas agir revient à ne pas être en vie, à fuir sa responsabilité de créateur de sa vie, à ne pas s'affirmer et à ne pas être à l'écoute de soi et des autres. Chaque action devrait être le fruit d'un choix le plus conscient possible pour œuvrer pour son bien et celui de tous les êtres. Lorsque nous éprouvons des difficultés à poser un acte, cela peut être le signe que cette action est indispensable à notre bien-être. Nos peurs entrent alors en jeu pour nous faire croire le contraire, nous démoraliser et nous démobiliser.
Nous nous conduisons souvent en bourreau avec nous-mêmes. Nous nous jugeons sans cesse. Imaginez que vous vous infligez un coup de massue à chaque pas que vous faites dans une rue : pensez-vous que vous réussirez à avancer ? Certainement pas. C'est ainsi que nous nous comportons lorsque nous laissons la parole à notre juge intérieur. A chaque fois que vous vous surprenez à vous critiquer de façon abusive et sans fondement, dites à haute voix : "Annulé !" Vous stipulerez ainsi à votre juge intérieur qu'il n'a plus la parole. Répétez cela autant de fois que nécessaire.
Nous répétons tous dans nos vies des situations analogues à celles vécues dans l'enfance. C'est comme si nous nous confrontions régulièrement à ces difficultés pour mieux les comprendre et les surmonter. La perfection n'existe pas. L'échec est naturel et souvent bénéfique : il nous permet de nous remettre en cause. Pensez à une action où vous avez échoué. Vous êtes-vous donné réellement les moyens de réussir ? Cette action était-elle bénéfique ? N'oubliez jamais que certains échecs sont souvent perçus, après coup, comme de formidables opportunités pour orienter notre vie vers une meilleure voie.